Étymologie [Hêtre]
I. Étymologie du mot
Gaston Bonnier (un botaniste français de la seconde moitié du XIXème siècle, 1853-
1922) émet son avis sur la question. Selon lui, le mot trouverait son origine dans le grec
[phagô], qui signifie « je mange ». Il appuie son hypothèse sur le fait que le fruit de l’arbre, la
faîne, est comestible.
Ménage et Bloch ne partagent pas cet avis. D’après eux, le terme n’existait pas chez
les Grecs ; il serait donc issu du mot latin [fagus], qui désigne l’arbre que nous connaissons
actuellement. Albert Dauzat suit cette même piste. Dans son Dictionnaire étymologique de la
langue française de 1938, il dérive de [fagus] le terme en ancien français [fou], conservé
encore dans certaines régions de France comme dans le Limousin. De nombreux mots sont à
rattacher à l’ancien français [fou], dont la moitié des appellations wallonnes de [hêtre]. On
trouve par exemple faya, foya (Tournai, Mons, Nivelles) ou encore faw (Liège), comme l’a
écrit Constant Dehousse dans Li faw di Nawijhoû.
Dauzat cite lui-même quelques exemples. Premièrement, [fouet], terme retrouvé dans
le texte d’un fabliau du XIIIème siècle. Son sens, d’après l’hypothèse de Dauzat, a d’abord dû
être celui de « petit hêtre », pour désigner ultérieurement une « baguette faite en bois de
hêtre », servant à fustiger. Par extension, le terme a désigné le « fouet », l’objet aux lamelles
de cuir, éliminant l’ancien français [écourgée], resté cependant parfois.
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De là, Albert Dauzat
fait dériver [foueiller / fouailler], verbe français peu usité qui désigne l’action de « frapper de
coups de fouets répétés ».
Il rattache ensuite à cette racine [fouteau], un régionalisme qui désigne le « hêtre ». On
trouve le terme au XVIème siècle déjà, chez Clément Marot. [Fouteau] suscitent des
controverses entre Diez et Ménage. Ménage, dans Observation sur la langue française, va
dans le sens d’Albert Dauzat et rattache le mot au latin [fagus]. Diez, en revanche, y voit là le
dérivé du latin [fustis], q