Eros est en toutes et en tous. Il nous appartient. Il est féminin
et il est masculin. Il est lhétérosexe et il est lhomosexe. Je me suis
dit, moi, François, je vais essayer de réfléchir à la meilleure façon
possible de le faire vivre. Tant pis si je me trompe. Dautres me
corrigeront. Et je me suis dit aussi, je vais tenter de diriger ma
réflexion et de déterminer, à partir de lhomosexe, ce qui peut être
pensé de lhétérosexe, auquel je consacre ma dernière, mais peu
anodine, je lespère, conversation. Et on verra si ce que jai à dire
confirme une différence essentielle entre deux conceptions de
lEros qui peuvent paraître inconciliables. Je le soupçonne : je ne
vais constater aucune différence essentielle qui dépendrait du choix
de lobjet érotique. Eros, tu es là-bas, à donner de la joie à ceux
quon croit opposés par leur sexe ; et quand on pense que tu es là-
bas, tu es ici, parmi ceux quon dit en tous points semblables. Et
quand tu verses des larmes, tu les verses partout, chez les uns
comme chez les autres.
7
e
r
o
s
i
n
t
e
r
i
e
u
r
.
q
x
d
2
3
/
0
6
/
2
0
0
6
1
1
:
0
7
P
a
g
e
7
Il suffit de tendre loreille pour constater que, chez
beaucoup, la détresse sentimentale existe. Lunivers dEros est
parcouru dangoisses. La question de linsertion sociale des
lesbiennes et des gais est évoquée sans cesse en des termes
nouveaux, surtout en Occident. Mariage gai, en Europe et aux
Etats-Unis, pacs en France, question mal résolue de
lhomoparentalité, existant de fait, mais délaissée par la loi,
question de la prévention et de la moindre vigilance, qui, cest vrai,
est celle de tous, et non plus seulement celle de la communauté des
gais et des lesbiennes. Eros tu as changé dans un siècle nouveau, et
tu nous engages à réfléchir aux termes actuels de la discrimination
et du mode de vie ; tu nous portes à repenser les rapports amoureux
dans les tribus lesbiennes et gaies ; à repenser aussi ce que sont les
rapports amoureux au-delà du monde gai, car nous, les lesbiennes
et les gais, nous sommes l